DANSE. DU 18 AU 21 MARS (MERCREDI 20H, JEUDI 14H30, VENDREDI 20H, SAMEDI 16H). THEATRE LE TARMAC (159 AVENUE GAMBETTA, XXe). DE 6 A 25 €. RESERVATIONS ICI.
Avec : Stéphanie Pignon, Johanna Mandonnet, Aïcha M’Barek, Amala Dianor, Rolando Rocha, Mohamed Toukabri, Hafiz Dhaou / création musicale : Éric Aldéa, Ivan Chiossone avec la participation de Sonia M’barek / illustration : Dominique Simon / création lumière : Xavier Lazarini / régie lumière : Sandrine Faure / régie son : Christophe Zurfluh / poème Horrya – Liberté, auteur Khaled Waghlani, composition, voix Sonia M’Barek / constructeur : Bernard Ledey / production : CHATHA.
Stravinsky est là, comme en écho, mais pour mieux s’en abstraire. Et les gestes surgissent comme des notes de musique qui s’échapperaient de la portée, soudain libérées de la rigidité des lignes… Des notes vagabondes et incertaines qui se cherchent et s’égarent, des gestes qui ont la fébrilité du destin à naître. La chorégraphie d’Aicha M’Bareck et Hafiz Dhaou, les cinq danseurs qui les accompagnent, la musique d’Eric Aldéa et Ivan Chiossone, la voix de Sonia M’Barek composent une partition « à l’image de la Tunisie actuelle », de ses tonalités et de ses nuances mais avec la volonté farouche d’union, de liberté. Une liberté encore contrainte, dans le moment incertain, dans l’entrebâillement d’un devenir, dans l’interstice d’un lendemain attendu, à l’image de ce printemps fragile, peuplé d’orages et de tumultes. Sacré printemps ! ou la contribution d’artistes qui se veulent « entiers, honnêtes et authentiques », « loin de toutes récupérations » et qui revendiquent un printemps libéré, durable, un printemps des… quatre saisons. Et c’est déjà une autre musique !
Tous deux sont nés à Tunis et vivent à Lyon, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou travaillent et créent ensemble depuis 1995. Après avoir intégré le Conservatoire de Musique et Danse de Tunis ils rejoignent le Sybel Ballet Théâtre, tout en se consacrant à des études cinématographiques au sein de l’Institut Maghrébin de Cinéma (IMC) à Tunis. En 2000, Aïcha et Hafiz obtiennent une bourse de l’Institut Français de Coopération de Tunis et intègrent la formation de l’Ecole Supérieure du CNDC d’Angers. En 2005, Ils créent la compagnie Chatha à Lyon. Le duo crée alors de nombreuses pièces : le quatuor Khaddem Hazem (2006) ; le quintet VU (2008) ; kawa, le solo interprété par Hafiz (2010) ; Mon c(h)oeur qui bat avec 150 habitants de Décines-Meyzieu dans le cadre de leur résidence au Toboggan, Décines (2010) ; Un des sens pièce pour 28 danseurs, sur invitation du Ballet de Lorraine (2010) ; Do You Believe me? dans le cadre de Meeting point 6 (2011) ; Khargba – jeux de pouvoir, une pièce pour six danseurs, qui représente un virage dans leur travail. Le duo assure la direction artistique des Rencontres Chorégraphiques de Carthage en 2011 et 2012. Pendant leurs deux années de résidence au Théâtre Louis Aragon de Tremblay-enFrance en 2012 et 2013, ils créent TRANSIT, un projet pluridisciplinaire qui repose sur l’imaginaire de leur grand voisin l’Aéroport Charles de Gaulle, à travers ceux qui fabriquent le voyage et qui, souvent restent au sol. En 2013, il crée le duo Toi et Moi. Aujourd’hui Aïcha M’Barek & Hafiz Dhaou sont artistes associés à la Maison de la Danse de Lyon.
Depuis nos premières créations nous avons élaboré une grammaire spécifique afin de déjouer les embûches, l’autorité, la censure, nous avons tout de même frôlé l’autocensure. Ce langage inventé est dans cette nouvelle création, revisité. Revisité avant tout par des corps qui sont mis en situation d’urgence, contraints par les enjeux du corps dans la société. Nous avons souhaité que ces corps soient guidés par la partition musicale. Que de cette musique, la danse puisse prendre corps, et qu’avec cette énergie commune des corps et du rythme nous puissions nous affranchir des codes, des cadres imposés pour en restituer la synergie. Nous avons voulu que cette nouvelle partition soit à l’image de la Tunisie actuelle et de la société civile qui se mobilise, s’indigne, de celle qui cherche à écrire sa nouvelle constitution, celle qui cherche à réunir, à rassembler et à accorder toutes les sensibilités de sa population et de son histoire, malgré les tonalités et les nuances différentes. Nous avons invité pour la création de la bande originale de notre pièce Ivan Chiossone et Eric Aldéa, nos collaborateurs fidèles depuis 10 ans et Sonia M’Barek, fameuse compositrice et interprète tunisienne, à travailler ensemble. Nous avons désiré faire rencontrer ces deux mondes musicaux qui créent une géographie particulière pour inspirer les mouvements des danseurs. Parfois nous sommes emportés par une rythmique qui nous propulse vers un choix de mouvement dans lequel nous nous sentons en liberté, de la même façon parfois la musique nous incite à l’enfermement et au repli sur nous. De ces paradoxes, de ces intensités naît une série de gestes, comme des principes de mouvements autoritaires, telle la mise en place d’une nouvelle dictature qui nous sépare. Nous essayons immédiatement de la dépasser. Parfois nos corps ballotés, manipulés, telles des marionnettes déplacées sous contrôle, sont propagés par cette énergie qui soude, rassemble, unifie. Le printemps a encore du mal à se faire une place parmi nous. Ce sont davantage les tornades, les averses et les pluies diluviennes qui nous emportent et nous ravagent. Le printemps cherche encore son visage, son corps, et ses nouveaux alliés. Quelle image, quel visage pourrait-il avoir ? Quelle place trouvera-t-il dans ce climat bouleversé, ces intempéries sans cesse renouvelées ? Libérons le printemps !
NdUstaza : « Sacré printemps » est présenté au théâtre Le Tarmac dans le cadre du cycle « (D)rôles de Printemps » qui met à l’honneur artistes égyptiens, libanais et tunisiens. Retrouvez le reste de la programmation ici !