Ustaza à Paris

L'Agenda culturel arabe – باريس عاصمة العروبة

« Zawaya » de Hassan El Geretly

THEATRE. DU 25 AU 28 MARS (MERCREDI 20H, JEUDI 14H30 & 20H, VENDREDI 20H, SAMEDI 16H). THEATRE LE TARMAC (159 AVENUE GAMBETTA, XXe). DE 6 A 25 €. RESERVATIONS ICI.

Un spectacle de : Hassan El Geretly / écrit par : Shadi Atef / avec : Arfa Abdelrasoul, Seif El Aswany, Dahlia Al Gendy, Yasser El Magrabi (oud et chant), Hassan Abou Al Rous, Ahmed Shoukry / poèmes : Mohamed El Sayed, Shadi Atef, Wael Fathy / musiques : Yasser El Magrabi.

A propos du spectacle :

Un voyou à la solde du pouvoir, un officier, la mère d’un martyr, un supporter de football, une visiteuse d’hôpital. Cinq personnages, cinq archétypes, tous témoins et acteurs de l’hiver 2011 sur la Place Tahrir du Caire. Ils vont dire la part personnelle prise durant les jours qui ont bouleversé la vie politique égyptienne et amené la chute du président Hosni Moubarak. Cinq mémoires sensibles et spontanées, comme autant de bribes d’humanité confrontées à l’Histoire en train de s’écrire. Cinq « témoignages de la révolution », cinq regards, cinq observations sur un même temps. Ces histoires contées témoignent de beaucoup d’autres recueillies par le romancier Shadi Atef et cristallisées en ce pentagone étoilé mis en scène par Hassan El Geretly. « Ne croyez pas tout ce que vous allez entendre, pas même ce que je vous raconte » dit l’un d’eux comme le ferait un conteur, un dramaturge ou un romancier. La vérité est là, mais aussi ailleurs, à construire, à débusquer dans les entrelignes, à chacun d’en reconstituer les fragments, d’autant que l’Histoire, entretemps, a tracé un chemin parfois différent de celui esquissé, attendu, espéré…

A propos de l’auteur :

Diplômé d’études théâtrales, littéraires et audiovisuelles au Royaume-Uni et en France, Hassan El Geretly travaille comme acteur, puis comme metteur en scène. Suite à deux collaborations avec le cinéaste Youssef Chahine, il s’établit au Caire et fonde en 1987 la compagnie El Warsha. La troupe adapte des textes de Peter Handke, Dario Fo et Harold Pinter et s’emploie à « égyptianiser » Alfred Jarry. Suite à deux spectacles, Dayer Maydour puis Dayeren Dayer, dans lesquels la compagnie travaille avec des joueurs d’ombres, un tournant s’opère. La vraie source du théâtre de El Warsha s’affirme dans la rue, dans le legs en sursis de la culture populaire. La compagnie s’attelle alors à une longue initiation à l’art de conter, tradition ancestrale des plus répandues en Égypte, et se tourne vers d’autres arts traditionnels. Périodes de recherches et de formations alternent : chanson de geste hilalienne médiévale avec l’un de ses derniers bardes Sayyed Al Dowwy ; danse du bâton pharaonique, dont El Warsha a fondé et financé la seule école d’Égypte ; théâtre d’ombres ; théâtre de marionnettes… Depuis vingt ans, la compagnie travaille à un vaste répertoire de chansons, de chants, de récits et de sketches puisés à toutes les sources du verbe égyptien. Présentées sous la forme d’un spectacle de cabaret, Les Nuits de El Warsha donnent naissance à des formes nouvelles comme Zawaya (Angles) à partir des témoignages de la «révolution».

Interview de Hassan El Geretly :

Quels sont les dramaturges, les pièces, les spectacles qui constituent vos références ? Vos «phares» ? Beaucoup de choses ! Le travail de Brook. J’ai été très touché par son spectacle Les Iks. J’ai été très impressionné par le travail de Mnouchkine autour de la Révolution française. J’ai encore en tête aujourd’hui des scènes de 1789… J’étais aussi très attiré par des spectacles de danse (dans une autre société j’aurais peut-être été danseur mais mon père trouvait que la danse pour un garçon c’était… un peu trop !). Lorsque j’ai séjourné en France et en Angleterre, j’ai été très impressionné par le butô, par la troupe Sankai Juku et plus tard par Carlotta Ikéda qui m’a fasciné. Et aussi par le travail du Tanztheater de Pina Bausch. Je me souviens de Café Muller, de Barbe Bleue, de Walzer… Il y a aussi, bien sûr, des dramaturges arabes comme Saadallah Wannous avec ses tentatives pour lier le théâtre et la culture populaire… Je pense à ses magnifiques dernières pièces dans lesquelles il a sorti les entrailles du monde arabe, comme dans Rituel pour une métamorphose qui a été présentée à la Comédie française dans la mise en scène de Sulayman Al-Bassam. Comment est née Zawaya ? Notre troupe est connue pour avoir formé de nombreux artistes et pour avoir travaillé sur le récit, sur l’art de conter, de raconter, et tout particulièrement la vie quotidienne, les luttes dans le monde arabe, la guerre, Gaza, etc. Il nous a donc paru important, presque naturel, de nous pencher sur ce qui venait de se passer en Égypte en 2011, de nous intéresser à la «révolution» mais surtout à la mémoire de cette révolution que nous devions sauver, à la fois de l’oubli et de la manipulation. Pour ce spectacle, j’ai travaillé avec Shadi Atef, un jeune poète de talent, auteur de chansons. Nous avons tout d’abord recueilli le témoignage de la mère d’un jeune homme tué par un tireur d’élite. Nous étions introduits auprès d’elle par la sociologue Alia Mossallam, elle-même auteure du témoignage sur la morgue où elle avait accompagné une organisation humanitaire. Puis, nous avons travaillé sur le personnage de l’officier avec toutes ses ambiguïtés. Nous avons décidé de présenter ces trois premiers témoignages lors d’une rencontre consacrée aux « printemps arabes ». À cette occasion, le directeur d’un festival jordanien nous a suggéré d’en faire un spectacle et de venir le jouer à Amman… C’est ainsi qu’est née l’idée. Nous avons gardé les trois premiers témoignages et nous en avons ajouté deux autres. Quels ont été vos partis pris de mise en scène ? Présenter les récits le plus simplement possible. La scénographie, les lumières sont très épurées. Nous avons beaucoup travaillé sur la sobriété. De plus, nous travaillons depuis plusieurs années sur la décentralisation et nous avons souhaité que ce spectacle soit joué partout, dans la rue, dans les villages. Nous avons donc voulu un théâtre le plus accessible possible de ce point de vue, tout en gardant une exigence sur la qualité artistique proposée. Quelle est la signification de « zawaya » ? Cela signifie « angles » au pluriel. Un titre pour dire que les cinq récits et les textes des trois poètes offrent huit angles de vue, huit regards sur ce qui s’est passé… À quoi s’ajoutent les ambiguïtés, les hésitations, les non-dits…(propos recueillis par Bernard Magnier).

NdUstaza : « Zawaya » est présenté au théâtre Le Tarmac dans le cadre du cycle « (D)rôles de Printemps » qui met à l’honneur artistes égyptiens, libanais et tunisiens. Retrouvez le reste de la programmation ici !

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Cette entrée a été publiée le 2 mars 2015 par dans Agenda, Spectacles, Théâtre, et est taguée , , , , , , , .
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