Ustaza à Paris

L'Agenda culturel arabe – باريس عاصمة العروبة

Al-Zîr Hamlet au Théâtre de Belleville

THEATRE. DU 4 FEVRIER AU 10 AVRIL À 19H15 DU MER. AU SAM, MAR. À 21H15 ET DIM. À 15H AU THEATRE DE BELLEVILLE (XIe). RELÂCHES LES 10, 14, 24, 25 ET 31 MARS. PLEIN TARIF : 25€ / TARIF RÉDUIT : 15€ / – DE 26 ANS 10€. RESERVATION.

Texte et Mise en scène Ramzi Choukair d’après Hamlet de William Shakespeare et Al-Zîr Salem d’Alfred Farag Un spectacle de la Cie Gilgamesh Théâtre et du Théâtre de Belleville

Unis par une irrépressible soif de vengeance, Zîr Salem, héros légendaire de l’antiquité arabe, et Hamlet, prince shakespearien, se confrontent et se répondent dans leur quête de justice. Ce récit théâtral et musical jette un pont entre Orient et Occident et invite, face aux injustices de notre monde actuel, à porter un regard critique sur la violence.


Texte et mise en scène Ramzi Choukair I D’après les oeuvres de William Shakespeare et Alfred Farag I Assistante mise en scène Amandine du Rivau I Avec Fida Mohissen, William Mesguich et Orianne Moretti I Lumière et scènographie Ramzi Choukair I Musique Fawaz Baker I Costumes Martine Ciota I Marionnettes Nour Jlassi Coproduction : Le Théâtre de Belleville et la Cie Gilgamesh Théâtre – Théâtre du GiraSole Avec le soutien du Théâtre Jean Vilar (Vitry sur seine) Remerciements à Stéphane Godefroy et au Théâtre de l’Escabeau (Briare), à Daniel Mesguish, à Philippe Maymat et à Rasha Ruzk (chanteuse lyrique syrienne). durée 1H âge conseillé à partir de 14 ans.


hamlet gilgamesh

Le projet

La pièce procède de deux sources différentes : la réécriture par Alfred Farrag de l’histoire de Zir Salem, héros légendaire du Moyen Âge arabe, et le Hamlet de Shakespeare.

À partir de ces deux textes, Ramzi Choukair construit une nouvelle œuvre qui explore non seulement le thème commun aux deux pièces, celui de la justice et de la vengeance, mais aussi leur mode de récit. Ainsi, chacun des héros devient le spectateur de l’histoire de l’autre et influence son cheminement.

Il n’est pas utile ici de s’étendre longuement sur Hamlet : jeune prince du Danemark désemparé par la mort brutale de son père dont le fantôme lui révèle que son propre frère Claudius l’a empoisonné. Hamlet doit venger son père et, pour mener son projet à bien, simule la folie. Mais il semble incapable d’agir. En revanche, peut-être est-il bon de dire un mot sur ce personnage d’Al-Zîr Sâlem, qui appartient à un genre tout à fait particulier que l’on nomme sîra (pluriel siyar) issu de la littérature populaire semi-orale. Le prince Sâlem se retrouve au centre d’une guerre de pouvoir, opposant son clan à celui du roi Tubba’ Hâssan. La pièce se concentre sur le moment où, à la suite d’intrigues amoureuses et de meurtres revanchards, Al-Zîr Sâlem souhaite venger la mort de son frère, Kulayb. Le récit aborde de façon claire le problème de l’absurdité de la guerre vengeresse.

C’est aussi le système clanique et le prix du sang qui sont remis en question.

La pièce de Ramzi Choukair exprime, à travers l’utilisation du théâtre, de la littérature et de l’imaginaire oriental et occidental, une prise de conscience d’une fausse opposition exacerbée.

En des temps où des extrémistes de tout bord détruisent dans chacune des deux cultures l’image de l’autre, Al-Zîr Hamlet nous aide à jeter un pont entre ces deux cultures qui sont beaucoup moins éloignées que l’on voudrait nous le faire croire. Ramzi Choukair ne cherche pas à marquer des divergences entre des comportements et des sociétés qui seraient en conflit constant : loin des oppositions manichéennes, il tend à percevoir, à travers les personnages, des questionnements universels. Un discours métadramatique se dessine et nous renvoie à nos propres stéréotypes et nos modes de pensées et de fonctionnements.

La vengeance, un acte de justice ?

On peut légitimement se poser la question du rapprochement de ces deux textes de cultures différentes, de genèses différentes aussi.

L’ un s’élabore au fil des siècles à partir d’une légende ancestrale qui remonte à l’époque pré-islamique ; l’autre, écrit à une époque précise, possède un auteur connu ; pourtant les points communs sont nombreux. Dans les deux cas il s’agit, au départ, d’événements historiques ; les deux héros sont des princes auxquels une tâche de vengeance a été assignée et tous deux hantent l’imaginaire de la culture dans laquelle ils ont été conçus.

La pièce ne garde pas tout du récit de Zîr-Salem, comme elle fait aussi un choix dans les divers épisodes de la tragédie de Shakespeare.

Un dialogue s’engage entre les deux personnages où chacun se révèle tour à tour spectateur et auditeur de l’histoire de l’autre. Il s’agit non seulement de renvoyer les deux histoires dos-à-dos, mais aussi de montrer la nécessité impérieuse du questionnement du doute.

Chacun incitant l’autre à se venger tout en doutant de son propre désir de vengeance : quelle est la valeur du prix du sang ? Le dilemme reste entier et la véritable justice semble possible.

Une dramaturgie plurielle

La dramaturgie de la pièce se fonde sur différents modes de récit. Le syiar d’abord, l’art du conteur transposé scéniquement à l’aide de poupées marionnettes. En les manipulant et en leur prétant sa voix, Zîr se fait alors conteur de sa propre histoire et Hamlet devient alors spectateur critique. En revanche, le récit de Hamlet est “théâtral” : il raconte son histoire à travers les monologues pris directement dans le texte de Shakespeare mais aussi et par le truchement de la pantomime, trace de la contamination des modes de récit. Hamlet devient alors ainsi acteur de sa propre histoire, tandis que Zîr joue le rôle de spectateur critique.

Le chant, enfin, permet de faire le lien entre les deux histoires. Une chanteuse incarnera tour à tour tous les rôles féminins évoqués par les Princes (Jalîla, Su’âd, Ophélie, Gertrude). Elle entre donc en interaction avec les deux personnages, tout en utilisant un autre langage que le leur. Par sa voix, ses chansons et ses mélodies elle crée son propre monde, parfois joyeux, le plus souvent pathétique. Elle nous amène à nous interroger sur notre manière de communiquer.

Note d’intention de Ramzi Choucair

Al-Zîr Sâlem dit : “je veux Kulayb vivant…”

Qui aurait entendu parler du roi Kulayb sans la folie du prince Sâlem ? Personne peut-être… Ainsi, Kulayb est resté présent dans les esprits comme il l’est parmi nous ce soir. Sâlem nous racontera ses propres souffrances, ses méditations, il nous représentera son histoire.

Que dire de Hamlet ? Ce prince danois dont le père fut assassiné par son frère ? De retour de Wittenberg, où il faisait ses études, Hamlet trouve son oncle installé sur le trône et couché dans le lit de sa mère. Le fantôme de son père lui apparaît alors, pour le pousser à la vengeance. Hamlet fuit cette action par des réflexions philosophiques qui nous révèlent le fond de sa pensée. Les moyens divergent, mais le résultat est le même dans les deux cas, et les conclusions sont aussi les mêmes pour les deux princes, elles se résument en un seul mot : le sang !

La pièce met les deux princes face à face, dans un non lieu et non temps absolus pour poser le problème de la vengeance. Elle reprend cette idée à travers leurs histoires simultanées, leurs ressemblances et leurs divergences. L’histoire de Zîr Sâlem est peut-être connue de vous, de même que celle d’Hamlet, et vous vous demandez pourquoi ce retour aujourd’hui à Hamlet et Sâlem ? Et pourquoi précisément ces deux-là ensemble ? L’idée du doute philosophique est bien au centre d’une civilisation, mais le doute d’Hamlet est-il réel ? Est-ce que nous continuons à y croire ? Devons-nous ici nous approprier ce même doute pour être moderne ?

Je porte ce projet en moi depuis des années. Edward Saïd disait :

« Il n’y a pas un conflit d’idées entre l’occident et l’orient,
mais un conflit entre l’occident et l’image que se fait l’occidental de l’orient. »

En Occident, on découvre que notre image n’est pas celle qu’on pense. En tant qu’oriental résident en Occident, je me suis souvent heurté à ces préjugés qui façonnaient mon image ; on me renvoyait une image de moi faite selon des critères d’occidentaux. C’est justement cette idée de heurt entre civilisations qui est à la base de mon projet, et c’est ce qui m’a poussé à choisir ces deux personnages.

A l’aube de l’année 2015, l’actualité nous invite, chaque jour, que ce soit consciemment ou non, à évoquer les thèmes de la vengeance et de la justice. Comment promouvoir la paix lorsque tant d’injustices et souffrances nous entourent et nous écrasent ? Comment parvenir à porter un regard critique sur la violence qui envahit de plus en plus notre quotidien ? Comment développer une lecture des événements hostiles qui nous oppressent et qui transforment nos existences, malgré nous, en une lutte continue ?

A propos de Ramzi Choucair

Franco-syrien, né à Beyrouth, Ramzi Choukair a une double formation de comédien et de metteur en scène qu’il acquiert à l’Institut Supérieur d’Art dramatique de Damas, à Paris VIII et en Avignon.

En tant que comédien, il joue dans plusieurs films de cinéma ou télévision en Syrie, au Canada ou en Égypte. Au théâtre, il joue aussi bien en Syrie qu’en France. Il travaille à Damas sous la direction de Jamal Soleiman, de Talal Nasser Aldin, d’André Serre, de Manuel Gigi, de Tatiana Arkhabitsova. En France, il joue le rôle de Roberto Zucco dans la pièce éponyme, mise en scène par Catherine Marnas au Théâtre de la Chapelle d’Avignon, et dans le spectacle monté à partir de l’épopée de Gilgamesh, Gilgamesh, mise en scène de P. Rambert à la citadelle de Damas d’abord, puis au festival d’Avignon en 2000.

Il adapte lui-même en arabe Al-Zîr et le Prince Hamlet. Une première version sera jouée au Palais al-‘Azem ainsi qu’à l’Opéra de Damas, au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur- Seine en 2005 et sera donné par la suite à Amman, Alep et Dubaï. À cette période, Ramzi Choukair assure la direction technique et artistique de l’Opéra Dar El.

Par la suite, il jouera dans Hiroshima mon amour, mis en scène par Julien Bouffier au théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine puis au festival Off d’Avignon ainsi que dans Le livre de Damas, de S. Wannous, mise en scène de Fida Mohissen au théâtre Jean Vilar. En parallèle de ses activités de comédien, il intervient comme conseiller artistique sur la dramaturgie contemporaine arabe à la Friche-Belle de Mai à Marseille.

En 2012-2013, il entame une tournée internationale avec Mille et une nuits, mise en scène par Tim Supple et interprète des rôles principaux au cinéma : Arwad de Samer Najari et Domnique Chila, (Canada, 2012) et Napoléon Bonaparte de Chawki Al Majiri (Egypte, 2012).

En 2014, après plusieurs années de conflits dans son pays natal, il décide de retravailler sa pièce pour proposer une nouvelle version française sur Paris : Al-Zîr Hamlet.

A propos de William Mesguich

William Mesguich se forme auprès de Philippe Duclos et à l’École Supérieure d’Art Dramatique. En tant que comédien, il a joué notamment, depuis 1982, avec A. Vitez, R. Planchon, P. Debauche, F. Danell, F. Smetana, R. Angebaud, M. Marion, M. Angel Sevilla, D. Mesguich, J.-L. Benoît.

Il interprète, en autres personnages, Le Prince de Hombourg, Sigismond et Hamlet. A la télévision, il tourne avec avec N. Companez, T. Benisti, J.-L. Lorenzi, P. Aknine.
À l’opéra et dans des spectacles musicaux, il est récitant sous la direction de K. Masur, S. Baudo, P. Rophé, J.-F. Gardeil, L. Petigirard, J.-C. Malgoire, C. de Diedrich, C. Huvé, J.-F. Essert, O. Caspar et D. Tosi.

En 1998, il fonde avec Philippe Fenwick la Cie du Théâtre de l’Étreinte dont il assure seul la direction artistique depuis 2011. Il signe nombre de mises en scène : Fin de Partie de Beckett, L’Avare de Molière, Oncle Vania de Tchechov, Le Chat botté de Perrault, L’Histoire du soldat de Stravinsky, Le Cabaret des monstres, La Légende des porteurs de souffle, La Légende d’Antigone, La Légende de l’étoile, La Légende du Palladium et M. Septime, Solange et la casserole de Philippe Fenwick, Comme il vous plaira de Shakespeare, Les Amours de Perlimplin et Bélise en son jardin de F. Garcia Lorca, Comment devient-on Chamoune ?, La Veuve, la couturière et la commère, Adèle et les Merveilles et Lomania de Charlotte Escamez, Les Fables de La Fontaine, Ruy Blas d’Hugo, La Belle et la Bête de Mme Le Prince de Beaumont, La Vie est un Songe de Caldéron, Les Mystères de Paris de Sue, Noces de Sang de Garcia Lorca et Le Misanthrope de Molière, entre autres.

Depuis 1999, il anime, dans le cadre des résidences de la compagnie en Seine-Saint-Denis, des ateliers de sensibilisation, tant en collège et lycée qu’en centres sociaux, CAT, et hôpitaux.

A propos de Fida Mohissen

Après une enfance au Liban et en Syrie, un bac scientifique et une licence en littérature française, Fida Mohissen quitte Damas pour Paris afin de compléter sa formation par une licence puis un master 1 (niveau) en arts du spectacle à la Sorbonne Nouvelle. En parallèle, il suit une formation d’acteur à l’École Florent, en classe libre à Paris.

Dès son plus jeune âge en Syrie, Fida Mohissen évolue sur les planches du théâtre universitaire de Damas entre Tchékhov, Brecht, Ionesco, Sartre, Anouilh, Camus, Beckett.
Il met en scène Le roi c’est le roi, de Saadallah Wannous, dans le cadre de la classe libre de l’École Florent. Cette expérience le pousse alors à explorer cet auteur qui le passionne et le remet constamment en question en tant qu’homme. Il poursuivra l’exploration de l’oeuvre de Wannous en se consacrant pendant trois années à la création de Rituels pour des signes et des métamorphoses, dans lequel il est également comédien. La pièce se joue au Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. Puis à La Manufacture d’Avignon et au Théâtre GiraSole.

Pendant deux années il poursuit cette exploration et crée Le Livre de Damas et des prophéties (d’après Le Viol et Un jour de notre temps) qui sera joué au Théâtre Jean Vilar, à l’Aquarium (Cartoucherie), à L’Heure bleue (Grenoble) et au Théâtre national de Tunis.

En 2013 il choisit de travailler sur les œuvres de Rumi et d’Abd Al Malik. Un Work in progress a été présenté en janvier 2014 à La Gare au Théâtre (Vitry-sur Seine). A la suite de ce chantier, Fida Mohissen poursuit ce travail en vue de sa prochaine création : Ô toi que j’aime.

A propos de la Compagnie Gilgamesh

Fida Mohissen fonde la Cie Gilgamesh en 2004, dans un souci d’interpeller la fêlure, la complexité et la nuance, d’interpeller des cultures autres, des espaces autres et ouvrir ainsi les portes de l’ailleurs. Depuis 2010, il assure également la direction artistique du Théâtre GiraSole à Avignon.

A propos d’Oriane Moretti

Finaliste du Concours Flame 2012 et demi-finaliste du Concours international d’Arles 2012, la jeune soprano d’origine corse et polonaise, Orianne Moretti, se produit aujourd’hui dans les différents Opéra nationaux et festivals français et étrangers.

Sa formation lyrique mais aussi de danseuse classique au Ballet Roland Petit ainsi que ses talents de comédienne font d’elle une artiste aux multiples façettes, qui l’amènent à travailler tant à l’Opéra qu’au théâtre et au cinéma : elle vient de terminer un court métrage avec le réalisateur Oscar Lalo.

Titulaire d’un CAPES d’Histoire et d’un Master Littérature/Musique, Orianne Moretti est également dramaturge et metteur en scène : elle créé trois Opéra de chambre, produits par sa compagnie : Correspondances Compagnie / Les Arts en partage, qu’elle fonde en 2010, Opéra qui ont fait l’objet de captation et documentaire diffusés à la télévision française et canadienne, et dont le premier sortira en CD, dans sa version musicale, en mars 2015.

Plus d’informations sur le site du Théâtre de Belleville.

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