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« Mots pour maux » de Sara El Hamed et « De – Génération » de Sofia Hihat

PERFORMANCE/EXPOSITION. JEUDI 9 OCTOBRE 2014 A 19H30 A LA GALERIE MAMIA BRETESCHE, 77 RUE NOTRE DAME DE NAZARETH (IIIe). Plus d’informations ici.

« Il y a 25 siècles déjà, on pensait que les mots avaient le pouvoir de guérir le mal. »Une performance-cérémonie ayant trait à la magie spirituelle et surnaturelle déclinée en deux temps, peinture de calligraphie sur le corps-incantation et échange avec le public.. Dans le cadre des Jeudis ARTY, Sarah El Hamed présentera sa performance/cérémonie en collaboration avec l’artiste Jean-Maroc Forax. Retrouvez également les oeuvres de Sofia Hihat qui seront exposées dans le même lieu.

sofia hihatA propos de Sofia Hihat (par elle-même) : « La création artistique est pour moi le chemin que j’emprunte pour tenter de répondre à la question de l’identité d’un point de vue principalement intime mais également dans un sens plus large. Ainsi le dispositif que j’emploie pour produire mes œuvres est aussi un moyen de connaissance de soi. Je suis pleinement impliquée dans les histoires que je raconte tant elles sont en phase avec le questionnement sur ma propre identité et mon appartenance à une communauté.Je suis intéressée par la mémoire et le souvenir où plus précisément les traces qui demeurent et ressurgissent comme des réminiscences et la façon dont nous traitons les événements proches ou éloignés. Entre la perception que nous avons dans l’expérience de la vie et ce que nous en faisons avec le temps, il en reste des images manipulées transformées par notre cerveau, et nous reconstruisons une réalité passée au tamis édulcorée et arrangée, souvent idéalisée.Par des séries de travaux, je soulève et traite de l’empreinte de la mémoire : Distance – Proximité, Présence – Absence, Tradition – Modernité sont les fondements de mon propos, les mutations sociales, culturelles et politiques jouent aussi un rôle fondamental. Ces questionnements nous concernent tous et notre perception de l’autre qu’il s’agisse de relation intime ou sociale peut s’en trouver bouleversé, les figures humaines représentées proposent un modèle de relation mêlant parfois observation et imagination le spectateur est amené à trouver la sienne. »

 A propos de Sarah El Hamed (par O. Hind) : Sarah El Hamed est une artiste algérienne dont le parcours pour le moins, atypique, a été partagé entre son pays d’origine l’Algérie et ses pays d’adoption ou d’étude comme la France et l’Angleterre. De ce fait, son oeil peut-être aguerri et curieux l’a souvent amenée à s’ouvrir aux différentes cultures sans pour autant s’éloigner de ses racines. Le corps, matrice charnelle, parfois géographique et sensorielle, devient chez Sarah El Hamed, plus qu’un territoire humain, mais un lieu d’exploration sans fin, un médium à création artistique multiple, comme vecteur d’attachement entre le ici et là-bas, le ailleurs et maintenant. Une sorte de catalyseur des sentiments bruts ou cachés, dont seul un artiste en a le secret.

sarah el hamed

De performance en perfor-mance, Sarah El Hamed n’en finit pas de nous surprendre. Si elle vit au coeur de ses créations, son
ouvrage est né à la confrontation d’un public bien présent. Non pas absent comme cela se présenterait à une simple expo. Les performances n’ont de résonances possibles que si l’interaction se fait dans l’immédiat. De là se met en marche la connexion et se joue le partage. Et l’interactivité avec le public ça a pense-t-on, une importance capitale chez elle. Sa dernière performance/ cérémonie en est encore la preuve patente de ce besoin d’aller vers l’Autre comme une forme de thérapie, purification des sentiments qui se diluent ici d’une façon bien étonnante. Et pour cause. Le thème choisi pour sa nouvelle body perfor-mance a trait à la magie spirituelle et surnaturelle. Après l’avoir présenté en juillet dernier (à La Bellevilloise à Paris, dans la cadre de Artistik summer), Sarah El Hamed récidive et compte «revivre» sa mystérieuse performance à nouveau (à la galerie Mamia Breteshe, Paris) le jeudi 9 octobre prochain, en attendant qu’elle puisse pourquoi pas la présenter un jour dans son pays natal. Elle nous décrit ici la démarche artistique comme si nous y étions: «Dans la première séance qui s’est tenue en juillet, j’ai demandé au public d’écrire ses maux sur du papier. Toute personne était libre de venir le faire. J’ai réuni une cinquantaine de notes, pendant que le «marabout» (Dominique Pouzol (calligraphie-body painting Ndlr) m’écrivait sur le corps l’incantation que j’ai rédigée «Oeil pour oeil – Dent pour dent- Mots pour – mots Contre maux»partout sur mon corps. Après avoir eu le corps recouvert, je suis partie le temps qu’on mette en place mon «autel». A mon retour j’ai fait passer une bande-son qui inclut l’incantation et ce que j’ai intitulé le Psalm. Ce dernier invite les gens à toucher les mots qui sont écrits sur ma peau, ce sont donc des personnes volontaires qui se sont approchées et lorsqu’elles m’ont touchée, à ce moment je les ai fait s’asseoir et je leur ai demandé d’énoncer le mal qui les affecte. Elles se sont confiées à moi, en réponse je leur ai donné un objet ou leur faisait faire quelque chose, comme les masser, leur faire boire de l’eau, etc. Je leur ai demandé de faire un acte spécifique, j’ai donné à chacune d’entre elles un conseil en réponse à leur confidence. A la fin, j’ai mis toutes les notes dans un récipient que j’ai baigné dans l’eau afin de «diluer les maux» comme déclamé dans le psalm…» Audacieuse démarche et d’autant plus risquée que ludique qui fait transformer notre artiste l’espace d’une démonstration artistique en une guérisseuse des âmes et de l’esprit, au grand bonheur des participants qui se laissent prendre au jeu. Cela peut paraître incongrue, si ce n’est la réflexion purement réfléchie de l’artiste qui est partie de sa propre expérience intérieure pour en arriver là. Et d’indiquer: «Cette oeuvre constitue un des volets de performances fondées sur ma recherche du mysticisme et l’occultisme dans la tradition maghrébine.

mots pour maux

Cette performance-cérémonie implique l’annihilation de la loi du talion à travers un rituel qui invite le souffrant à exprimer le mal qui l’affecte, qu’il soit physique ou moral ainsi qu’à s’en défaire par sa propre intention assisté par une médiatrice.» En somme, l’artiste elle-même ici. Et de renchérir: «Cette recherche et démarche mystico-artistique trouvent leur origine dans mon enfance, à travers les nombreux voyages que j’ai effectués en Algérie où j’ai écouté attentivement les histoires et mythes liés aux djinns. Jusqu’à aujourd’hui, je reste fascinée par cette notion de monde parallèle, d’invisible et ce qui relève de l’inexplicable. Mon travail en tant que performeuse tente de recréer une sorte de brèche dans l’espace-temps créant des moments de suspension, d’incrédulité où les sens sont stimulés et les émotions exacerbées en concrétisant l’irréel et l’imaginaire.» Pour ce faire, notre artiste est allée «consulter» de nombreux raqis, guérisseur(e)s, énergétistes, magnétiseurs, sorciers(ières) et autres praticiens de ce secteur. «Trouver (l’art et) la manière de pratiquer ses propres rituels et par conséquent sa propre voie en suivant son intuition et sa voix intérieure» a été le conseil donné par la plupart de ces praticiens à notre jeune artiste qui trouva ainsi dit-elle «une résonance avec la pratique artistique». partant de l’idée «qu’il serait restrictif de se rapporter uniquement à ce qui est enseigné dans les livres ou les cours magistraux, or, l’artiste en tant que créateur est vecteur de messages intérieurs (opinions, émotions, sensations, etc.) et témoin-rapporteur de ce qui l’entoure. Il est medium via un médium, tout comme le guérisseur, shaman, magicien ou autres praticiens mystiques».

Enfin, rapporte Sarah El Hamed, cet intérêt au mysticisme, elle le doit également à un héritage familial, plus précisément, à son arrière-grand-mère. «Celle-ci aurait transmis son don à ma mère sans l’initier comme il se doit (ou devrait), cependant ma mère m’a toujours accompagnée dans mon questionnement bien qu’elle n’ait jamais pratiqué de rituels.»

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