Au moment où la guerre civile fait rage en Syrie, où sous des prétextes religieux l’on commet les pires monstruosités, Katia Jarjoura dresse un état des lieux du Liban, ce voisin fragile, souvent caisse de résonance des conflits moyen-orientaux.
Le documentaire s’articule autour des différentes problématiques libanaises depuis le conflit syrien, en mettant en exergue leur imbrication dans un maillage régional, politique et confessionnel complexe.
Avec 1.5 millions d’exilés syriens -soit un tiers de la population du Liban- l’avenir du pays semble assez morose. L’animosité entre sunnites et chiites est croissante et les (ir)responsables politiques s’écharpent et paralysent les institutions. Pendant ce temps là le désespoir des laissés pour compte devient le terreau fertile de la violence et du radicalisme. Enfin, l’armée, symbole quasi unique d’une unité nationale, s’étiole, faute de moyens pour pouvoir colmater des brèches de plus en plus béantes.
De Beyrouth à Tripoli, en passant par les zones frontalières, K. Jarjoura réussit à brosser un tableau complet et didactique des enjeux actuels au Liban. Emaillé d’entretiens avec des dignitaires religieux, des politiques, des journalistes ou de simples citoyens, le film est une véritable enquête de terrain. La réalisatrice est parvenue à rendre accessible un sujet complexe sans tomber dans l’ornière de la vulgarisation.
Ce documentaire fait son travail, celui d’alerter le spectateur sur le délitement d’un pays qui semble malheureusement dans une impasse.
Agathe Morier
* Katia Jarjoura est une journaliste et réalisatrice basée à Beyrouth. Née en 1975 au Canada de parents libanais, elle rejoint le Liban après la guerre civile. Elle a réalisé plusieurs documentaires dont « Princes de la guerre et seigneurs de la paix » et « L’appel de Kerbala ».