Ustaza à Paris

L'Agenda culturel arabe – باريس عاصمة العروبة

Où fêter Norouz à Paris ?

Norouz est une fête incontournable pour les Kurdes de Syrie et d’Irak (mais aussi pour les communautés kurdes présentes en Algérie, Liban, Israël, Arabie Saoudite et Jordanie). C’est le premier jour de l’année zoroastrienne et correspond souvent à l’équinoxe du printemps. L’occasion d’une double renaissance donc !

Si vous n’êtes pas en partance pour Qamishli ou Erbil, voire pour Teheran ou Diyarbakir Ustaza vous a contacté un petit programme très parisien, selon votre budget et votre emploi du temps. Norouz Moubarak ! 

norouz

* Fête de Nouvel An Iranien, vendredi 22 mars de 19h à 21h à la grande Salle des Fêtes de la Mairie du XVe (31, rue Péclet, XVe arr.). Soirée-concert organisée par le Centre Culturel Iranien. Entrée libre et gratuite. Informations ici, au 01 45 49 19 20 et à cci@cciran.fr.

* Week-end Norouz « Chants, musiques et danses populaires », samedi 23 mars à 19h30 au Théâtre de la Ville (2, place du Châtelet, IVe arr.). Soirée-concert avec des musiciens traditionnels tadjiks, iraniens et kurdes, mais aussi ateliers enfants, projection de documentaires, dégustation de spécialités culinaires du Norouz et librairie spécialisée tout au long du week-end. Entrée 15-20 €. Informations et réservations iciDiffusion sur France Musique mercredi 27 mars à 22h30 dans l’émission Couleurs du Monde.

* Salon de musique avec le virtuose tadjik du sato et du tanbur Abduvali Abdurashidov, lauréat du Prix France Musique des Musiques du monde en 2012, dimanche 24 mars à 11h au Café des Oeillets (2, place du Châtelet, IVe arr.). Entrée 10 €. Informations et réservations ici.

* Récital bilingue persan-français de « La Conférence des Oiseaux » de Farid Al Din Attar (1142-1200) par Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière, dimanche 24 mars à 15h au Café des Oeillets (2, place du Châtelet, IVe arr.). Entrée 10 €. Informations et réservations ici.

Week-end Norouz « Chants du printemps », dimanche 24 mars à 17h00 au Théâtre de la Ville (2, place du Châtelet, IVe arr.). Soirée-concert avec des musiciens traditionnels afghans, iraniens et ouzbeks, mais aussi ateliers enfants, projection de documentaires, dégustation de spécialités culinaires du Norouz et librairie spécialisée tout au long du week-end. Entrée 15-20 €. Informations et réservations iciDiffusion sur France Musique mercredi 10 avril à 22h30 dans l’émission Couleurs du Monde.

PS) Connaissez-vous les Haft Sîn ? Ce sont les Sept « S », sept aliments et objets commençant par un « S » en farsi qui doivent être déposés sur la table le soir de Norouz : sabzeh (graines germées), samanu (pâte très sucrée à base de germe de blé), senjed (fruit séché du jujubier), sîr (ail), sîb (pomme), somaq (sumac), serkeh (vinaigre), sonbol (jacinthe), sekkeh (pièces)…et d’autres encore.

Exclusivité : A l’occasion du Norouz, Boris James (spécialiste du Proche-Orient Médiéval, chercheur associé à l’IFPO depuis 2004 et professeur à l’INALCO depuis 2010) revient sur l’histoire et la signification de ce dernier.

« L’inclusion des Kurdes dans le cadre de l’Iranité légendaire est attestée dès les prémices de l’historiographie arabe (Xe siècle). Il n’y a pas de sources historiques iraniennes avant cela. Contre l’évidence d’une forte différenciation ethnique (c’est-à-dire sociale politique et culturelle) cette historiographie arabe a prétendu dans un premier temps que les Kurdes étaient des Arabes iranisés (al-Mas‘ûdî). A cette époque, les Kurdes sont associés à la légende du tyran Zohak (al-Dahhak) qui pour soigner une étrange affection (deux appendices en forme de serpent ont poussé sur ses épaules) y applique des cerveaux de jeunes hommes. La population mâle du pays subit de plein fouet les caprices du souverains. Epargnés par le cuisinier du tyran, des jeunes gens se rassemblent dans les montagnes et forment, d’après la légende, le peuple kurde. Déjà dans l’Iran ancien le Nowrûz semble avoir été comme aujourd’hui une date importante marquant le passage à une nouvelle année par le renouveau de la nature faisant suite à l’équinoxe de printemps. En tant que peuple iranien les Kurdes participent pleinement de cette culture et mettent le Newroz (équivalent kurde du Nowrûz) au centre de leur vie sociale et politique. Le nationalisme kurde a fait du Newroz le point nodal de la revendication de la différence kurde. Tout d’abord, en filant la métaphore de l’opposition du peuple kurde au tyran Zohak (et donc à tous les tyrans). A ce récit viennent s’ajouter d’autres éléments mythiques, notamment l’histoire de Kawa (Kaveh en persan), personnage connu dans les épopées iraniennes, forgeron de son état qui en organisant les Kurdes met à bas le pouvoir du tyran Zohak. Lors de la prise du palais de Zohak, Kawa enflamme son tablier qu’il attache à son marteau de forgeron pour signifier sa victoire. La référence au feu n’est pas anodine, elle renvoie à l’iranité des Kurdes (et donc à la non-arabité et à la non-turcité de ceux-ci), rappelant leur passé mazdéen où le feu sacré tenait une place centrale. Le nationalisme kurde adjoint à l’événement de la chute de Zohak, la date de 614 avant J.C., date de la conquête de l’Empire assyrien par les Mèdes, dont certains Kurdes revendiquent l’ascendance. L’une des réminiscences du passé mazdéen des Iraniens et donc des Kurdes sont les célébrations du dernier mercredi de l’année (çar shembe sûrî/ mercredi rouge), c’est-à-dire un peu moins d’une semaine avant le Newroz. Les Kurdes d’Iran célèbrent comme tous les Iraniens cette fête pendant laquelle les uns et les autres sautent par-dessus des feux en invoquant la force de cet élément. Parmi les Kurdes des autres pays, seuls les Kurdes d’Irak et les Yézidis qui organisent un çar shamba resh (« mercredi noir » en raison du nom de leur livre sacré, le ‘mushaf-e resh’), célèbrent cette fête à la même date. Cependant, en Turquie et en Syrie des feux sont souvent allumés le jour de Newroz et on y saute par-dessus.

La tradition du Newroz kurde a certes une origine rurale ancrée dans un passé agro-pastoral, mais il est aussi le moyen de réinventer par cette pratique culturelle quasi-exclusive des Kurdes en Irak, en Turquie et en Syrie, un puissant esprit de corps. C’est dans le dialogue (musclé) avec des Etats non-kurdes mais souvent nationaliste, que le Newroz prend tout son sens. C’est pourquoi ces Etats ont souvent tenté de minimiser et d’euphémiser la portée de l’événement pour leurs communautés kurdes respectives. Depuis longtemps le Newroz fait partie des réjouissances officielles en Turquie, alors que la reconnaissance d’une identité kurde dans ce pays ne date que de la toute fin du XXe siècle. En Syrie le Newroz (non-reconnu) coïncide avec la fête des mères ! »

2 commentaires sur “Où fêter Norouz à Paris ?

  1. Norouz France
    9 avril 2013

    Si vous voulez en savoir plus sur Nouvel des peuples de culture persane !

    Journée internationale de Norouz
    France
    Paris, 24 mars 2013
    http://norouzday.tumblr.com/

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Cette entrée a été publiée le 20 mars 2013 par dans Cinéma, Littérature/Presse, Musique, et est taguée , , , .
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