Depuis les premières représentations d' »Antigone » à Jérusalem le printemps dernier, les critiques positives fusent, autant pour la qualité artistique de l’adaptation que pour sa pertinence en regard de la situation des Palestiniens de Jérusalem-Est.
« Antigone » est l’une de mes héroïnes préférées. Dans la version d’Anouilh, la modernité du verbe et le côté bonhomme de Créon, qui se borne à appliquer les lois sans les contredire renforcent les mâchoires du destin qui se renferment inexorablement sur la jeune femme. L' »Antigone » qui se joue aux Théâtre des Quartiers
d’Ivry se base sur le texte original de Sophocle, mais l’adaptation qu’en fait Adel Hakim pour le Théâtre National Palestinien a une résonance toute particulière : pour avoir violé les lois de la cité et versé quelques poignées de terre sur le corps de son frère en guise de sépulture Antigone est condamnée à être emmurée vivante. A Jérusalem, les morts palestiniens n’ont pas le droit d’être enterrés, à l’image de Mahmoud Darwish dont les vers parsèment la pièce, et qui à défaut d’être inhumé dans la capitale, repose dans un lopin de terre à Ramallah. Quant aux vivants, ils sont « emmurés », de l’autre côté de cette affreuse muraille grisâtre qui défigure la Cisjordanie.
« Antigone » de Sophocle, mise en scène et adaptation de Adel Hakim, avec les comédiens du Théâtre National Palestinien, jusqu’au samedi 31 mars à 20h au Studio Casanova, 69 avenue Danielle Casanova, 94200 Ivry-sur-Seine. Tarifs de 5 à 20 euros. Modalités de réservation.